Le Retour des Sangsues

Professeur FX Michelet


La sangsue jalonne l’histoire de la Médecine avec d’autres comparses tels clystères et autres saignées. Or. l’avènement d'une médecine scientifique les a relégués au rang d’accessoires grotesques aux yeux de la Médecine technique triomphante. Sontt-ils tous vraiment frappés d’obsolescence ?

Concernant la sangsue. il convient de revoir cette appréciation.

Le ver annélide est en passe de contredire les jugements hâtifs portés sur un usage qui remonte à la nuit des temps.

Malgré sa désuétude. les pharmaciens d’officine ou d’hôpitaux sont toujours à même de répondre positivement aux prescriptions médicales.

La sangsue. un des premiers médiats biologiques entre praticiens et patients n’a été vue, pendant des siècles, que sous l’angle de sa seule fonction mécanique de déplétion. Les anciens préconisaient l’usage de la sangsue grise à dos olivâtre, les meilleures étant celles dont le poids varie de 1 à 5 g.

La sangsue avale environ 5g de sang et spontanément la plaie, faite par elle, laisse couler 10 g. Douze sangsues sont capables de soustraire 10 à 200 g.

PIECU. cité par Xavier Arnozan avait imaginé de perforer l’estomac de ces animaux pendant leur application : ce geste. appelé “bdellatomie” était destiné â augmenter la déplétion.

 

 

 

Ainsi, la sangsue a fait florès à la veille de l’épanouissement scientifique de la Médecine, au point que l'usage de la sangsue en est devenu abusif: ce succès, pour une grande part. a induit sa perte. des incidents et accidents avant jeté sur elle le discrédit.

C’était se méprendre sur la complexité du phénomène. car les accidents induits par la pose abusive des sangsues, par leur nombre, leur répétition et leur durée, auraient dû suggérer qu’il ny avait pas qu’une seule action volémique.

En effet. de la fonction de pompe ‘aspirante”, la recherche moderne a évolué vers l’analyse de la fbnction ‘refoulante’ de la sangsue, à savoir, l'infusion d'enzymes hautement actives, ouvrant étonnamment un immense champs d’actions physiologiques.

Ainsi cet hôte préhistorique des marais est brusquement venu proliférer dans les bacs de culture des instituts de recherche du troisième millénaire.

Naguère limitée au champ de la Médecine Interne et, entre autres, au domaine de ce qui ne s’appelait pas encore la ‘cardiologie’, la sangsue opère un retour inattendu depuis les années 70 sur le terrain de la Chirurgie plastique et reconstructrice.

 

 

 

En effet, les chirurgiens plasticiens procèdent â des reconstructions par transfert tissulaire simple ou composite. au cours desquels la translation des lambeaux de toute nature passe par une phase de précarité vasculaire micro-circulatoire. nécessitant non seulement la déplétion sanguine mais la maîtrise de l'ensemble des processus évoluant au niveau de la paroi vasculaire, L’efficacité dans le domaine des lambeaux de reconstruction a été démontrée par l’Ecole Bordelaise et en passe d’être suivie dans le monde entier.

Le retour de la sangsue. par le canai de la chirurgie plastique et reconstructive peut apparaître empirique mais. en fait, repose sur des données scientifiques prometteuses.

Ainsi. l'observation d'une meilleure évolution des lambeaux, après application des animaux, n’est pas expliquée par la seule déplétion volumétrique, mais par 1’ action de sucs mélangés aux tissus humains.

 

 

Il est bien évident 
que la sangsue 
n’a pas tout dit.

En effet, un ensemble de substances enzymatiques se répand dans les petits vaisseaux entourant l’insertion cutanéo-muqueuse et rétablit un équilibre de la micro-circulation locale qui facilite la vitalité des tissus transférés chirurgicalement.

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